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HOMMAGE À STEFAN WILKANOWICZ

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3 janvier 1924 - 9 juillet 2022

Si je n’ai aucun doute qu’il est déjà dans la paix et la joie de la présence de ce Dieu qu’il a tant aimé de son vivant, et de son épouse Thérèse qu’il a aussi tant aimée, c’est dans le déchirement et la tristesse que je pleure le départ de Stefan Wilkanowicz, le 9 juillet au matin.

Il y a deux ans, il était l’invité de Zeteo, au cours d’un épisode consacré à la Génération Jean Paul II. Sans lui, Zeteo n’existerait pas, et bien d’autres choses non plus, dont l’évènement le plus important de ma vie, il y a presque 32 ans jour pour jour, avec le mariage avec Marzena, sa propre fille.

Alors qu’il voguait sereinement vers le centenaire, Stefan Wilkanowicz est parti un peu avant, à l’âge de 98 ans. Sans doute est-ce un nouveau clin d'oeil, un peu spécial celui-là, de cet homme si humble et si discret, bourré d'humour, qui aimait tant s'effacer derrière tous ceux qu'il rencontrait.

Stefan Wilkanowicz était un homme exceptionnel. Un chrétien d’une piété et d’une humilité édifiantes, un intellectuel aussi modeste que brillant, un éditeur courageux, un catholique engagé et aussi un cœur et un esprit formidablement ouverts à l’autre, quel qu’il soit, où qu’il soit. Il m’a marqué profondément, durablement. C’est lui qui a ouvert mon esprit un peu trop empli de certitudes vers l'attention, l'écoute et le respect envers tous.

Jamais de ma vie n’ai-je rencontré un homme ayant autant d’amis issus de pays, de milieux, d’origines, de convictions et même de religions différentes. Le grand Cardinal Lustiger, entre autres, l’avait remarqué très vite. Stefan Wilkanowicz était devenu l’un des ses amis et conseillers privilégiés. Des cas semblables, je pourrais en citer beaucoup d’autres.

Aux pires heures de la répression communiste en Pologne, Stefan Wilkanowicz a risqué sa vie et sa liberté pour défendre ses valeurs. Et s’il a gagné bien des combats dans sa vie, au point de figurer au rang des grandes personnalités de la Pologne des années Solidarnosc, c’est aussi grâce à une rencontre déterminante dans sa vie.

Avec celui que Stefan Wilkanowicz était trop humble pour appeler son ami, un homme qui avait pourtant apprécié à ce point cet intellectuel doux et déterminé, qu’il en avait fait l’un des ses plus proches compagnons de route : Karol Wojtyla, qui s’est toujours appuyé sur lui et pour différentes missions souvent délicates, tout au long de sa charge épiscopale à Cracovie, comme tout au long de son pontificat romain.

Le mot qui revenait le plus souvent chez Stefan Wilkanowicz, comme un refrain, c’était celui du dialogue. Et Dieu sait mieux que moi tous les dialogues qu'il a noué dans sa vie. Il était un passionné des faibles et des minorités, qu’il allait chercher en Asie – particulièrement au Viet-Nâm, le pays de son épouse Thérèse – aux Amériques du Nord, du Centre ou du Sud, en passant par les innombrables pays slaves qu’il aimait tous distinctement. Ce qui a sans doute été le plus remarqué chez lui, ce sont ses profondes et riches relations avec le monde juif. Celui qui, de nombreuses fois, a aimé reconnaître ses mérites.

Nous vivons des temps troublés, qui l’inquiétaient lui aussi, même s’il ne perdait jamais l’espoir et qu’il avait la sagesse de ceux qui ont compris qu’à la fin, c’est toujours le bien qui gagne. C’est pourquoi, même en ces heures marquées par des divisions si douloureuses entre chrétiens, qui s’opposent avec parfois de la complaisance dans la violence, en particulier sur les réseaux sociaux, je prie pour que le dialogue et la paix l’emportent.

En attendant, si la joie reviendra certainement, surtout avec le souvenir d’un homme aussi tendre et joyeux, ces heures sont celles du deuil, du vide, de l’absence… et d’un absurde qui crie dans ma tête et mon corps. Ces déchirements-là ne sont pas humains, nous ne sommes pas créés pour supporter ça. Alors, je regarde le Christ, celui que mon beau-père aimait tant, et je me dis que Lui saura déjà consoler les plus proches de Stefan Wilkanowicz : ses deux filles, ses petits-enfants, et tous ceux qui, comme moi, l’ont tant aimé.

Ma prière et ma peine avec chacun d'entre eux,

Au revoir et merci, merci tellement, cher beau-père, cher Stefan Wilkanowicz

Guillaume Devoud 

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